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Faire face à l'opposition chez les enfants

Les crises de colère et l’opposition d’un enfant peuvent vite faire dégringoler une harmonie familiale. Elle va rapidement susciter chez les adultes un sentiment d’impuissance et surtout d’épuisement. Qui n’a jamais entendu parler du « terrible two » ou du « fucking four » ? Deux périodes qui donnent envie à tous ceux qui ont des enfants d’hiberner jusqu’à la saison prochaine. Cette période normale, où l’enfant tente d’affirmer son autonomie, est exténuante pour les parents, imaginez alors lorsque les crises de colère et l’opposition demeurent après cette période…


Négociations, crises, pleurs, coups et j’en passe sont les très nombreuses techniques utilisées par les enfants opposants en quête d’obtenir ou d’éviter quelque chose. Dans mon texte précédent, j’expliquais comment l’anxiété pouvait affecter nos enfants. Nous remarquions que l’anxiété exprimée par nos enfants pouvaient ressembler étrangement à des manifestations d’opposition et de colère. Nous pouvions observer des comportements d’attaque et des comportements plus passifs comme l’évitement et la fuite. La psychothérapeute Isabelle Filliozat dans son livre Il me cherche nous explique que les crises de colère et d’opposition seraient le symptôme d’un cerveau subissant un grand stress. Un orage émotionnel tourmente le cerveau de notre enfant lors de ces périodes. Il est impératif de comprendre ce qui se cache derrière le comportement. Par exemple, si notre enfant commence à avoir des boutons partout sur son corps, nous ne traiterons pas uniquement les boutons, nous tenterons également d’en identifier l’origine : est-ce une allergie ? La varicelle ? De l’eczéma ? Ainsi, nous devrions adopter la même attitude pour les comportements d’oppositions chez nos enfants. En effet, selon cette auteure, l’opposition serait un symptôme lié à un inconfort émotionnel que l’enfant n’est pas en mesure d’exprimer. Malgré le fait que notre enfant s’exprime bien avec les mots, il est difficile pour lui de communiquer ce qu’il ressent et bien souvent, il a besoin de l’adulte pour l’aider à identifier ce qui le préoccupe. C’est notre rôle en tant que parent et éducateur de tenter de mettre des mots sur leurs inconforts et de les aider à les exprimer. J’avoue que parfois, il faut être de très bon Colombo pour élucider le mystère ! C’est le début d’un Cherche et trouve qui peut souvent nous amener à devenir impatient et irritable, mais soyons franc, il n’y a personne de parfait et c’est ce qui fait de nous des humains.



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Le concept du réservoir affectif


Toujours selon l’auteure Isabelle Filliozat, chaque enfant possède son propre réservoir affectif (d’émotions positives) à remplir. Lorsque l’enfant est confronté à des frustrations, un échec, un événement stressant, cela demande énormément d’énergie à celui-ci pour la canaliser et gérer ce stress ou cette anxiété. Au fil de ces événements, la banque d’énergie affective se vide peu à peu. C’est bien souvent lorsque ce réservoir est épuisé que les comportements d’opposition et de colère vont se manifester. Pour bien illustrer cette idée, replongez-vous dans votre état d’esprit lorsque vous revenez le soir à la maison après une dure journée au travail. Votre patron vous a ajouté une tâche supplémentaire à une journée déjà bien remplie, un collègue qui vous énerve, du trafic, de la construction sur les routes, etc. Vous revenez à la maison plus irritable, impatient et parfois même en colère. Vous avez épuisé toute l’énergie affective afin de gérer chacune de ces situations. Imaginez les enfants qui n’ont pas votre maturité affective…


Alors, comment peut-on remplir ce réservoir ? Cette auteure nous explique qu’il faudrait, pour ce faire, accorder au moins 10 minutes par jour de temps de qualité avec notre enfant. Le jeu devient alors notre ressource la plus efficace! En effet, il permet de calmer les tensions chez l’enfant et ainsi accéder à ses problèmes réels plus facilement puisque le jeu favorise davantage la communication. Ces moments vous permettront d’avoir un contact privilégié avec celui-ci et « d’enquêter » sur ce qui se passe dans sa vie. Pourquoi ne pas instaurer « les jeudis jeux de sociétés » ou « les mardis popottes » ? Créer des activités agréables dans la semaine deviendront des incontournables, car elles seront apaisantes et ressourçantes autant pour lui que pour vous. Ces liens affectifs que vous développerez avec votre enfant rempliront également votre propre réserve affective et vous aideront à mieux gérer la prochaine crise d’opposition.



Voici d’ailleurs quelques techniques pour intervenir auprès d’un enfant en opposition :


· Tenter de comprendre ce qui se cache derrière le comportement d’opposition et de colère.

· Appliquer des limites claires et cohérentes et respecter ce que vous avez émis comme consigne. Il n’y a rien de plus déstabilisant pour un enfant qu’un parent qui dit non et accède à la demande par la suite. La technique des 5 C peut être un bon guide pour vous aider dans la gestion des consignes. (Voir référence)

· Éviter l’argumentation, les enfants qui s’opposent deviennent des champions dans la négociation. Utiliser la technique du 1,2,3 : « Mets tes souliers, je compte jusqu’à trois, si à trois tu ne mets pas tes souliers, il y aura une conséquence. » Du temps à reprendre sur un temps de jeux électroniques ou un jeu qu’il aime peut-être une mesure facile à appliquer. Cependant, il est important de ne pas appliquer la conséquence sur les temps de qualité prévu pour remplir la banque affective de votre enfant.

· Puis surtout, passer des moments de qualité avec votre enfant régulièrement.


Si vous sentez que l’opposition de votre enfant vous dépasse et que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à consulter un professionnel. Vous pouvez consulter la ligne Info-Social 811 du CSSS de votre région. Certains spécialistes dans des cliniques privées peuvent vous outiller également.


Sandra Couture





Bibliographie


Leblanc, I. (2021, 13 mai). Opposition : 5 interventions gagnantes pour intervenir avec votre enfant. Ton Livre Ton Histoire. https://tonlivretonhistoire.ca/idees-astuces-et-boite-a-outils/opposition-enfant/


Ces enfants qui disent non. (2016, 15 octobre). La Presse+. https://plus.lapresse.ca/screens/f62d28ab-5e71-4ab4-a94b-371b513a6f49__7C___0.html


Dubé, M. (2019, 14 mars). Comment intervenir avec un enfant opposant. Educatout. https://www.educatout.com/enfants-besoins-particuliers/gestion-de-comportement/comment-intervenir-avec-un-enfant-opposant.htm


Le trouble d’opposition. (s. d.). Naitre et grandir. Consulté le 22 novembre 2021, à l’adresse https://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/comportement/fiche.aspx?doc=trouble-opposition#_Toc417539616


Astuces, T. E. (2017, 9 janvier). Les 5 « C » pour des interventions agréables et comprises de tous. Educatout. https://www.educatout.com/outils/trucs-et-astuces/intervention-et-communication/les-5-c-pour-des-interventions-agreables-et-comprises-de-tous.htm


Gilles Fortin, G. F., & Yvon Gauthier, Y. G. (2020, 21 janvier). L’attachement un départ pour la vie. Hopital Sainte-Justine.


Filliozat, I., & Dubois, A. (2019). « Il me cherche ! » Marabout.

Doyon, N., & Chiasson-Renaud, S. (2018a). Pleurs, crises et opposition chez les tout-petits…et si c’était de l’anxiété (0e éd.). Édition Midi trente, p.23.


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